Quelle galérienne je fais, mon Dieu…

J’ai passé Noël en famille à me mettre en colère contre à peu près tout le monde.

Hier, j’ai attaqué, par deux mails collectifs, un le matin, un l’après-midi, tous mes collègues et mes patrons en les insultant, en les traitant de « zombies et d’individualistes de merde ».

Mon mari m’a quittée en juillet dernier et j’ai passé les mois qui ont suivi à tempêter non seulement contre lui mais aussi tout son entourage. Ceux qui étaient nos amis. Ma belle-famille. Encore aujourd’hui, à certaines occasions, je tempête contre eux. J’ai écrit avec véhémence pour eux ma Lettre ouverte pour ne jamais nous taire en voyant des vies se briser. Et avant que mon mari me quitte, je tempêtais régulièrement contre nos amis, que je n’estimais jamais assez justes, jamais assez délicats, jamais assez généreux, jamais assez attentifs aux autres, jamais assez bien, en somme.

J’ai adopté il y a quelques semaines un chiot Golden retriever, un amour de chien, et je crains parfois qu’elle absorbe ma colère contre le monde entier au fur et à mesure que le temps passe. Elle reste là, aimante, néanmoins, et je fais mon possible pour l’éduquer de la façon la plus douce possible. Elle n’a jamais subi, Dieu merci, les affres de ma colère. Hier, j’étais fatiguée, je ne l’ai pas sortie autant que j’aurais dû la sortir. Mon appartement pourrait vite devenir ses toilettes si je n’y prends pas garde.

Parfois, je la promène dans la rue, l’air un peu hagard, épuisée, en colère contre la terre entière. Contre « les gens ». Contre le fait que nous résistions pas à ce qui nous arrive et que nous nous laissions faire par la peur. J’ai ainsi hurlé contre une dame qui a eu le malheur de me reprocher que je ne portais pas de masque – je l’avais oublié, dans la précipitation pour faire sortir le chien avant qu’elle ne défèque sur mon parquet.

Oui, souvent en ce moment, je pratique bien tout le contraire de ce à quoi j’appelle et exhorte le monde : l’amour. Je me comporte exactement de la façon contraire que j’aimerais, que je devrais, je laisse la colère, l’un des péchés les plus graves, me dominer et me détruire autant que détruire ceux qui m’entourent. Car même si ma colère peut s’expliquer par une accumulation d’épreuves ces dernières années, elle ne pourrait en aucun cas se voir justifier. Quelle galérienne je fais, mon Dieu, et je n’ignore pas que ce je fais la plupart du temps en ce moment contribue à détruire ce que j’essaie de défendre.

Priez pour moi, je vous en prie, si vous le pouvez, si vous en avez la force et le cœur. Et pardonnez-moi, si vous y parvenez, le mal que je peux vous faire. Je vous promets de travailler, toute ma vie, à essayer devenir un peu moins terrible que le jour précédent.

A propos du fait que nous péchons tous et que cela fait partie de notre condition humaine, j’ai composé il y a quelques mois la chanson suivante qu’il me paraît pertinent, dans un tel contexte, de reporter ici.

Les galériens, les galériennes 

"On est tous galérien ou galérienne…

Quand nous faisons vivre l'enfer, 
ceux d'entre nous qui tout détruisent, 
Méchants, idiots et péronnelles, 
quand un jour tout se finit
Les galériens, les galériennes… 

Lorsque nos dents raient le parquet
Quand nous pensons à notre gueule
Quand nous prions la réussite
Espionnons l'autre derrière nos vitres.
Les galériens, les galériennes...

R/ On rame et fait ramer les autres
Un bateau pourri, vermoulu
On prend la vie et la consomme
On jouit et on se consume
Les galériens, les galériennes...

Ceux à qui dans le monde tout sourit
Ceux qui ne méritent pourtant rien
Ceux qui prennent quatre chemins,
Ceux qui ricanent sans croire en rien.
Les galériens, les galériennes...

R/

Quand nous laissons le mal se faire
Quand nous nous mettons en colère 
Quand nous haïssons lâchement
Que nous laissons passer le temps.
Les galériens, les galériennes...

Parvenues, mendiants, clochards
Il est vrai que nous le sommes tous
Nos coeurs valent bien ceux que nous méprisons,
Chacun de nous, une conne, un con. 

R/

Nous sommes tous appelés à quitter la galère
Marcher sur l'eau, rejoindre enfin la terre.
Pour cela prions pour toujours pardonner
Nous pardonner pour toujours mieux nous aimer... 

Les galériens, les galériennes,
Un jour, plus d'galérien, ni d'galérienne... 

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