Merci pour Tinder !

Ce titre n’a rien de volontairement racoleur ou d’ironique. 

Je remercie (et condamne en même temps) les créateurs et développeurs de l’appli Tinder et, par extension, de n’importe quelle autre appli de rencontre immédiate aujourd’hui en vogue. Je les remercie pour m’avoir permis de comprendre mieux les mécanismes du projet diabolique de destruction de la relation entre les personnes et notamment, dans mon cas de femme attirée par les hommes, de la destruction de l’amour et du respect entre homme et femme.

Oui, merci pour Tinder, Happn et autres joyeusetés, car il n’y a rien de plus facile à détecter et à dénoncer que le Diable qui se nomme et ne se cache plus. Il y a environ quinze jours, je me suis créé un profil sur l’une de ces applis, pour la blague, sans en attendre sérieusement quoi que ce soit. Me voici très rapidement en contact avec une dizaine d’hommes plus beaux les uns que les autres, m’approchant de façon plus ou moins délicate ou directe. Honnêtement – jamais, moi la catholique sainte nitouche, ne me serais imaginée dire une chose pareille un jour -, c’est extrêmement amusant et grisant. Me voici prise au jeu donc, me réjouissant de faire l’expérience de ce que la plupart des gens vivent aujourd’hui. 

L’un d’eux, Antoine (son prénom a été changé), m’approche mieux que les autres et me plaît particulièrement sans que je sache bien pourquoi. C’est ce qu’il appellera par la suite, lors de nos échanges, une « alchimie de connexion ». Nos échanges débutent naturellement, tout se fait si vite et si bien, c’est incroyable. Très vite, à la faveur de notre entente et de notre attirance mutuelle, nous voici nous parlant le langage du désir et de l’érotisme. Je me transforme en allumeuse de premier ordre et me vois réussir à le provoquer comme je ne me suis encore jamais vue faire jusque là. J’éprouve une joie et une assurance telle de me sentir si femme, si adulte et si désirée, je n’ai jamais vécu cela avant, je vois tant de choses positives dans ce qui m’arrive. Au bout de quelques jours, néanmoins, je sens bien que quelque chose cloche. Nous ne parlons plus que de ça. J’ai beau essayer de l’amener sur un autre terrain, et il a beau me dire qu’il veut tant d’autres choses que cela, nous y sommes constamment ramenés – autant de son fait que du mien qui prends je l’admets un malin plaisir à le provoquer. Là où je peux aisément dire que l’Usurpateur ne se cache plus, c’est que non content de m’avoir transformée en bête, il fait parler à Antoine son langage : Antoine utilise fréquemment les adjectifs « diabolique », « tentateur » et « démoniaque » dans nos échanges. 

Notre flirt érotique a duré toute la semaine Sainte – concomitance étonnante que je ne peux m’empêcher de noter – et j’ai finalement réussi à y mettre fin le soir du lundi de Pâques. Antoine ne m’a pas réécrit ou rappelée pour essayer de me convaincre que notre histoire dépassait le seul érotisme à partir du moment où je lui ai demandé de parler d’autre chose. Une brutalité incroyable de l’échange en somme. Je me sentis comme « knock-out », littéralement, lorsque notre histoire prit fin.

J’ai débriefé de cette histoire avec l’amie avec qui nous avions créé mon profil Tinder pour la blague. Elle me confirma que sur Tinder, c’était « sans pitié », et que ce genre d’histoire lui était déjà arrivée aussi. Des hommes approchent des femmes, des femmes allument des hommes, on se cherche, on prétend chercher autre chose que l’érotisme et la génitalité seule. Bien sûr, on peut avoir de bonnes surprises. Je connais une amie qui a rencontré son conjoint actuel sur Tinder, ils sont ensemble depuis des années. Néanmoins, l’écrasante majorité des gens que je connais qui passent leur temps sur ces applis vivent une déshérence sentimentale et amoureuse qui dure depuis des années.

J’ai pleuré comme une adolescente quand il ne m’a pas rappelée et quand je me suis rappelée à quel point j’aimais Dieu. Désespérément en manque d’amour, j’ai flirté avec le Diable en espérant que celui-ci se transformerait en plan divin. Moi qui jusqu’à maintenant n’avais jamais douté que Dieu voulait mon bonheur et notamment, sans ambage, l’amour et la sexualité conjugale couronnés et purifiés par le mariage.

Je remercie le Ciel de m’avoir permis de vivre cette expérience. Cela m’a permis de vivre en eaux troubles, dans les eaux où nagent la plupart des gens qui m’entourent, eux qui n’ont pas la chance de connaître Dieu ou de Le reconnaître, de connaître son vrai projet d’amour pour nous. Ils se laissent ainsi avoir aux pièges de la séduction et de la luxure. Elle m’a ôté toute forme d’orgueil. Hé oui, moi aussi, je peux me laisser piéger malgré ma Foi et mes grands principes. Je suis profondément pécheresse et humaine – je le savais déjà, mais il n’est jamais trop d’occasions pour me le rappeler et me faire gagner ainsi en humilité et en compréhension envers les autres.

Si vous le pouvez, priez pour moi et, surtout, priez pour Antoine, et toutes les âmes en déshérence sur les applis de rencontre.

Lettre à Antoine ou éloge de la radicalité dans l’amour.

Cher Antoine,

Ces dernières semaines, je t’ai vu me dire des choses merveilleuses sans vraiment les assumer. Et je me vois, dans la joie, découvrir encore à quel amour et à quelle divinité de l’amour j’aspire profondément. C’est autant grâce à toi que je me réjouis qu’à cause de toi que je pleure. Oui, j’ai de la joie, tout en étant malheureuse – je suis convaincue que, grâce à Dieu et à mes amis, grâce à la Foi et la joie qui m’habitent, cet état malheureux ne durera pas.

En l’espace de quelques semaines, j’ai compris à quel point j’étais libre et guérie de mes peurs. Libre et prête à l’amour. Plus nous avancions, plus je me découvrais encore plus libre, apaisée, aimant suffisamment Dieu et m’aimant suffisamment moi-même pour être sûrement prête à t’aimer pour de bon un jour.

Me voici radicale – bien sûr, je l’ai toujours été. Cette radicalité, j’apprends jour après jour à ne pas la laisser s’exprimer de façon violente. Chaque jour, je travaille – Dieu que c’est difficile pour moi – à bannir toute violence, toute colère, et toute impulsivité dans ma conduite.

Me battre contre la violence de certaines de mes réactions, oui, je prie pour y travailler toute ma vie. N’oublie jamais que ma violence est à l’aune de la radicalité et de l’entièreté de ce que je vis, de mes émotions et de ce que ma raison perçoit. Toujours, oui, je me battrai pour ne plus être dure, pour m’ôter toute intransigeance, pour pardonner à ceux qui m’entourent et me pardonner ma faiblesse et mes erreurs.

Grâce à toi et à notre petit bout d’histoire, je comprends que ma radicalité peut s’exprimer de la plus belle façon. Si je me bats contre la dureté et l’intransigeance, je laisserai toujours la place à cette radicalité car je sais qu’en fait, elle est la marque d’une magnifique aspiration à l’amour : l’amour de l’autre, l’amour de ses amis, l’amour des plus petits, l’amour des pauvres… l’amour qui révèle la divinité ancrée en chacun de nous et que l’union de l’homme et de la femme peut aussi nous permettre d’effleurer. Quelle chance j’ai de pouvoir pressentir cela malgré tous mes malheurs conjugaux et mes déboires sentimentaux. De ne pas être traumatisée et de continuer à espérer le meilleur.

Encore merci à toi donc ! Avec l’Amour et sa radicalité, tout projet, même à tendance diabolique, tel que je le dénonçais dans le succès des applis telles que Tinder dans un article précédent, peut devenir divin.

Bien à toi, en union de prière,

Amélie

Sortie de la première partie du documentaire : « Les Folles de Dieu ».

La série documentaire « Les Folles de Dieu », témoignage de personnes homos et transgenre à propos de leur vie et de l’articulation entre leur inclination et leur foi catholique, vient de voir son premier épisode publié sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=RpjCODYoFxU.

La joyeuse troupe internationale composée de Philippe, Gerson, Santiago, Guillaume, Perrine, Christian… s’était réunie à Lourdes en octobre 2019 pour tourner un documentaire inédit voire révolutionnaire : parler de leur vie en tant que personnes homosexuelles, transgenres et catholiques convaincues de la validité de l’appel au célibat et à la continence formulé par l’Eglise. Humour, beauté, profondeur, amour, réalisme et bienveillance pour les personnes orientent cette série documentaire qui a le mérite d’oser parler en vérité d’un sujet brûlant qui fâche toujours.

L’analyse et le témoignage de chacun met en avant au fil de la série quelques urgences :

1/ la condition homo / trans nous concerne tous en ce qu’elle est un puissant outil d’analyse de la condition humaine et sexuelle dans son ensemble. Il ne faut pas cantonner la question de l’identité sexuelle aux revendications d’une communauté LGBT tapageuse, comme beaucoup de catholiques, homophobes sans se l’avouer, ont tendance à le faire.

2/ La question de l’identité sexuelle (homosexualité, transexualité, bisexualité…) est un puissant levier d’attaque de l’Eglise catholique et l’une des raisons principales pour lesquelles des gens quittent l’Eglise. Il est donc indispensable de la traiter de front, de l’analyser de fond en comble, en faisant appel à des experts du sujet pour sensibiliser et former en priorité l’opinion catholique.

3/ La condition homo / trans, outil d’analyse de la relation Homme / Femme et avec elle de la relation Créateur / Créature (Dieu et l’humanité), permet de soulever et de traiter des questions d’ordre apocalyptique et eschatologique. Il est donc impératif de faire parler les personnes concernées par cette condition, de les faire témoigner au milieu de l’Eglise. Au lieu de chercher à les faire taire comme nous avons tous tendance à le faire : que ce soit les cathos, gênés par la question de la sexualité et de l’identité sexuelle ou les gay-friendly, eux-mêmes homophobes lorsqu’ils refusent qu’une personne homo/trans ne pense pas comme eux ni ne réclame les mêmes lois qu’eux.

La série a été entièrement réalisée sur la base des dons et sera mise à disposition gratuitement sur YouTube en plusieurs langues. Pour soutenir l’équipe en charge de la réalisation, vous pouvez partager et rendre visible le documentaire autour de vous et même continuer d’aider à financer le film en effectuant un don à l’adresse suivante : https://www.leetchi.com/c/reboursement-des-4-mecenes-du-tournage-homosexualite-a-lourdes?fbclid=IwAR13_3Hw1G94a2_CI6vRzyin3TPd7W8Q-a8I6EWRz7nxeR_9K_2uniD69pc.

Merci à tous et bon visionnage !